Le mouvement punk débuté en 1976 en Angleterre est à son apogée. Jamais un tel mouvement n’aura donné naissance à un nombre aussi important de groupes. Après 1979 le mouvement s’essouffle au pays de la reine Elisabeth mais ne fait que commencer à l’étranger comme en France avec Métal Urbain par exemple qui sort en 1980 Les hommes morts sont dangereux. Toutes les villes françaises ne sont pas épargnées du phénomène iroquois, Saint-Dié-des-Vosges voit naître cette année-là des « DéTraKés », nommés par la suite DTK, tous issus du quartier Kellermann.
Parmi eux on y retrouve déjà Schtroumpf à la guitare, Cheeta à la basse et J-Lou d’abord à la guitare puis derrière la batterie 3 ans plus tard. Ces trois-là fréquentent la MJC du quartier depuis qu’ils sont gamins, avec la déferlante punk ils décident de monter un groupe. Le directeur de la MJC, content cette initiative, leur met à disposition la salle de spectacle pour répéter.
Les DTK commencent à jouer sur scène début 80 avec Mimi au chant qui quittera le groupe en 1983, à ce moment Schtroumpf se partage entre guitare et chant et un second guitariste intègre le groupe : Freddy. Le style musical du groupe au départ est plutôt punk, il est décrit par la presse locale de l’époque comme "plus violent que du rock ". Les DTK se revendiquent des Sex Pistols que ce soit dans l’attitude ou dans la musique. En 1984, une nouvelle modification du line-up intervient, ce changement bouleverse l’approche musicale du groupe. Thierry, qui remplace Freddy, apporte un côté beaucoup plus mélodieux au punk des DTK. Ils se définissent alors comme faisant du Rock Wave : "on voulait pas que ce soit de la new wave parce qu’on était des punks, et comme on était plus punk que rock on n’a pas voulu dire juste rock"
Entre 1980 et 1986, le groupe enchaîne plus de 200 concerts dans l’Est de la France. Cela essentiellement grâce au réseau MJC puisqu’ils sont soutenus par le directeur de la MJC Kellermann qui va les faire connaître dans tout le Grand Est en effectuant des échanges de groupes. Ils jouent ainsi avec de grands noms comme les Mory Kante, l’affaire Louis Trio, Raoul Petite, Talk-Talk, Paul Personne… Ils reçoivent partout un accueil chaleureux du public. Les textes en français des DTK traitent de sujets de tous les jours : les HLM, les filles, les potes, la came, les bringues,…, on pouvait les entendre chanter "Jesus Christ il est plus hippy, depuis qu’il a quitté les cools, il s’est rasé la boule, boule, boule…", les mots sont crus et peignent la réalité qu’ils côtoient.
Le groupe décide d’enregistrer un 45 tours avec 2 titres en 1986. C’est avant tout pour se faire plaisir et voir comment se passe un enregistrement qu’ils montent dans un studio à Nancy. L’enregistrement et le pressage du vinyle leur coûtent près de 10 000 francs, ils le tirent à 1000 exemplaires qu’ils sortent en septembre 86. Le passage en studio reste assez épique, comme l’expliquent Schtroumpf et Cheeta. Le matin tout s’était bien passé. Ils décident d’inviter l’ingé son au resto à midi. Ils retournent au studio vers 15h pour enregistrer ich liebe dich. " C’est que l’ingé son n’avait pas du tout l’habitude de bosser avec des punks. On avait plus de packs de bières que d’instruments de musique. Le mec en pouvait plus, il a tout coupé à 16h !!! ". Le groupe continue de jouer sur scène jusqu’en 1987, où ils se produisent pour la dernière fois à l’occasion de la fête de la musique à Saint-Dié-des-Vosges.
On pourrait penser que l’histoire des DTK s’arrête là, laissant pour souvenir de leur passage un 45 tours, des rumeurs fausses quant à leur nom "Détruit Tout Kellermann"… Mais en 2001, stupéfaction, on les retrouve sur scène pour la fête de la musique à Saint-Dié. La formation est la même qu’en 87, avec 14 ans de plus. Pourquoi cette re-formation ? A la base ils devaient seulement jouer cette date, pour rire, car les anciens DTK sont toujours "fourrés ensembles". Mais contents de cette expérience ils décident de relancer l’aventure DTK. On les voit jouer un peu partout dans les Vosges, dans des festivals ou des bars. Ensuite ils enregistrent un album 12 titres "Marginal" au studio Hibou promotion situé à l’époque dans les locaux de répétition du préventorium Abel Ferry.
Thierry quitte le groupe. Un nouveau guitariste, qui s’appelle Thierry aussi le remplace. Un trompettiste les rejoint , il va jouer avec eux pendant un an. Le répertoire des DTK est retravaillé, quelques bons vieux morceaux sont gardés et de nouveaux sont mis au point. Le style des DTK évolue lui aussi, ils sont toujours punk-rock mais incorporent à leur composition des parties un peu plus ska. Cette évolution semble naturelle pour ces deniers qui ont pu, avec le temps, écouter pas mal de choses différentes.
Ils enregistrent ainsi fin 2006 et à la maison leur second album cd, intitulé « Keupon ». Un nom évocateur, taillé dans le grès pour des musiciens qui n’ont jamais décrochés. Des concerts suivent ici et là puis Thierry quitte le groupe en 2008. DTK se retrouve à 3, Cheeta, Schtroumpf et Jean-Lou , le trio des débuts. Ils continuent alors à jouer ensemble, retrouvant l’énergie naturelle des débuts dans les nouvelles compos qu’ils travaillent. Quelques dates sont données notamment à Saint-Dié-des-Vosges, imposant DTK, qu’on le veuille ou non, comme les doyens du rock’n’roll déodatien et patrimoine local de la punkitude !
Les projets des DTK sont toujours les mêmes, jouer ensemble, mais surtout se faire plaisir ensemble. Ils ont gardé cet esprit rock'n'roll des débuts, l’engouement punk des années 70 n’est pas terminé pour eux, c’est leur mode de vie. (JC)
Disques
1986 : EP Vinyle Face A: Plus Jamais / Face B: Ich liebe dich 2002 : Album 12 titres Marginal 2007: Album 13 titres Keupon